Pierre de BERROETA

Biographie

 



Pierre Ambroise de BERROETA est né sur le 17ème  arrondissement de Paris le 1er avril 1914, de Jacques Alfred de Berroeta et de Marthe Tinel son épouse. Alfred, Industriel, commerçait avec l’Argentine dans le domaine de l’orfèvrerie, mais se passionnait surtout pour l’art et collectionnait les œuvres  de ceux qui sont aujourd’hui devenus célèbres.

Cela influença-t-il le jeune fils ? Toujours est-il que Pierre, dès son plus jeune âge, montra un grand intérêt pour le dessin et les couleurs. Parallèlement aux études suivies au lycée Pasteur de Neuilly, Pierre recevra des cours de dessin dispensés par madame Sampigny et des cours de peinture et gravure sur bois du peintre Clément Cerveau.

Les vacances se passent au Pays Basque dans la villa familiale de Beyris, aujourd’hui quartier de Bayonne ; l’enfant de santé délicate deviendra l’adulte robuste qui résistera à la période de captivité au stalag IIc.

Reçu à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris en mai 1933, il travaillera sous la conduite d’André Dewambez, puis de Charles Guérin. Massier puis grand massier des peintres, il y rencontra une autre élève, Marguerite Barboteu dite "Guichoune", qu’il épousera plus tard. Logiste pour concourir au prix de Rome, il fut trahi par son professeur Charles Guérin, qui ne le soutint pas et ne siégea même pas au jury pour marquer son opposition à l’institution. Dès son entrée aux Beaux Arts, l’Ecole exposa ses œuvres que  la critique remarqua.

Appelé sous les drapeaux le 15 avril 1935, Pierre de Berroeta effectua son service militaire en Alsace à Oberhoffen (Bas Rhin), au 20ème escadron du train ; artiste toujours, il décora d’une fresque le réfectoire du régiment et dessina son insigne. Libéré en septembre 1936 il reprit ses études aux Beaux Arts.

Mobilisé à Nancy le 24 août 1939, affecté à la régulation routière puis au 172ème  bataillon du génie, il fut presque aussitôt  fait prisonnier et envoyé au stalag IIc à Greifswald en Poméranie sur la Baltique. L’officier commandant le stalag voyant ses dessins sur des feuilles diverses, reconnut son don et lui fit remettre papier, crayons, encre de chine et couleurs, pour qu’il puisse dessiner… des monuments parisiens et la vie au stalag. Pierre de Berroeta eut le droit de garder un dessin pour vingt remis aux Allemands ; le musée de l’Armée en conserve quelques uns marqués du sceau "stalag IIc". Grâce au médecin du camp et à deux amis qu’il conservera toute sa vie, il monta un subterfuge afin de pouvoir regagner la France ; il avait perdu 40Kg !

De retour en juin 1941, il épousera dès septembre Marguerite Suzanne Charlotte Barboteu à la mairie de Neuilly-sur-Seine et à l’église Saint-Ferdinand-des-Ternes.

Artiste prolifique, travailleur infatigable, il participa à trois expositions dès cette fin d’année. Puis les expositions se succèdent : Salon d’automne, galerie Page à Bayonne, Groupe Artistique de Saint-Nazaire, galerie Daricarrère à Biarritz ; il est figuratif, il aime le cirque, il expose chez les frères Bouglione au Cirque d’Hiver pour "les Amis du cirque" des œuvres qui seront remarquées.

5 juin 1943 : naissance de Marie Laure, fille unique de Pierre et Guichoune.

Les parents de Guichoune résidant en Argentine, le couple décide de partir vers ce pays d’Amérique latine, où semble-t-il, une certaine renommée les précède puisque la presse annonce l’arrivée des deux artistes alors qu’ils sont encore sur l’Atlantique.

Les paysages, les couleurs, les visages d'Indiens, les animaux indigènes, enrichiront la palette de Pierre de Berroeta; il exposera dans les plus grandes galeries, peindra les portraits de personnalités de la haute société Argentine mais également des gauchos  et des amérindiens. Des voyages en France lui permettront de faire découvrir à ses concitoyens ce pays lointain qui vit cependant à l'heure européenne; il devient un, sinon le peintre le plus reconnu de l'Argentine .

Lui qui n'a jamais versé dans la facilité ni couru après les honneurs, perçoit que son avenir est autre ; il va revenir en France où il ne jouit pas de la même notoriété, et va poursuivre ses recherches, d'abord en devenant cartonnier, puis en abordant l'abstraction.

Ce seront des œuvres retouchées, maintes fois reprises, dans lesquelles les bases acquises aux Beaux-Arts seront présentes à côté de recherches personnelles dans les domaines les plus divers : formes, matériaux, compositions, couleurs, supports.

D’après ses cartons, plus de  150 tapisseries seront tissées à Aubusson, aux Gobelins ou à Beauvais, pour satisfaire des commandes de l'Etat ou de particuliers ; mais Pierre de Berroeta n'oublie pas d'offrir cet art au plus grand nombre en donnant des cartons pour la tapisserie mécanique, que le coût moindre rend accessible à tous.

Le figuratif s'effacera petit à petit pour l'abstraction avec des doutes, des essais portant sur tous les sujets : portraits, natures mortes, scènes de la rue, animaux, architecture… En 1958, suite à un voyage à Peniscola, le pas sera franchi définitivement (excepté le jour où, bien plus tard, mis au défi par ses petits-fils, il exécutera leurs portraits en moins de 5 minutes!).

Les premières toiles abstraites ne comportent que peu de couleurs et semblent témoigner de l’intensité du combat intérieur qu'a dû vivre Pierre lors de cette évolution. Puis les couleurs reviendront, accompagnées d'épaisseurs ce qui marquera les toiles des années 60.

Les années 70 seront celles de la plénitude picturale qui permettra d'aborder d'autres formes de son art : structures en matériaux divers, dalles de verre, carreaux de faïence, lave de Volvic émaillée et toujours des tapisseries.

Retour aux gouaches et aux toiles seules pour les deux décennies suivantes. Le bonheur du peintre qui passe désormais plus de temps au Pays Basque, près de la nature qu’il aime, qu’à Paris  donne des œuvres  de grande maturité, avec un changement important en 1994 suite à de graves soucis de santé en 1993.

Sa vision s’altérera fin 2001, lui imposant un repos forcé qu’il vivra avec dignité.

Pierre de Berroeta s’éteint le 6 février 2004 à Isturitz.